Janus

 

Création et dualité

 

Janus est le Créateur. Double et contradictoire, il réalise l’unité. Ses deux faces regardent chacune le monde alentour. Positif/négatif, jeune/vieux, homme/femme, ces couples produisent une matière énergétique mouvante, vivante. Cet ensemble est présenté dos à la lumière du jour pour permettre d’appréhender la translucidité des laques.

 

 

Technique

 

Peinture : 92x124 cm, 16 cadres noirs assemblés, laques et encre de Chine sur film polyester. SB 2011-2017

Sculptures : 3 têtes doubles, argile rouge. 20x10x10 cm. SB 2017

 

 

Légende des Rois d'Or

Antiquité

 

Les deux colonnes du Temple, la diasophie qui sous-tend les récits autour de ce personnage est d'usage dans les rituels de la horde.

 

 

Double

 

Impensable et dense, amas et magma, aussi brûlant que glace, aussi éthéré que solide, c’est du Chaos qu’est né Janus. De la séparation est née la forme. Ainsi la forme naît de l’informe par la soustraction, elle est descriptible et née de l’indescriptible, elle recompose, et propose un nouveau cycle.

 

Janus est bipolaire. La force d'attraction de ses pôles magnétiques s'opposant et s'attirant tour à tour, agit sur notre psyché comme un puissant stimulant. Positif et négatif produisent une matière énergétique mouvante, vivante.

Double identité en soi aussi, que l’on perçoit, que l’on revendique, que l’on montre, que l’on oublie, qui ressurgit, qui est perceptible à l’autre, induite, criante, doucement présente sous la carapace, hurlante et fragile. Androgynie rêvée. Fusion des contraires et des ambivalences. Impossibles cumuls.

 

Les deux faces ne se regardent pas, sinon elles ne pourraient vivre que dans le regard auto-réfléchissant de l’autre et c’en serait fini de l’ouverture sur le monde. Chacune à son poste, indépendante, gère ses propres points cardinaux. Et l’équilibre dépend de l’accord tacite entre elles.

Deux visages sur une tête, c’est la possibilité d’irradier. De ressentir à 360 degrés. D’être pleinement conscient de l’espace alentour. D’expérimenter une toute nouvelle perspective et des points de fuite illimités.

 

Vigilance de ces points. Impossibles sommeils. Janus garde, il re-garde, il préside aux destinées, observe, jauge et juge quand il sera temps d’ouvrir la porte de la conscience suivante et la suivante encore et encore.

 

Janus referme la porte en temps de paix, il peut régner sur l’intériorité. En temps de guerre, il doit pouvoir se projeter hors de ses frontières. La porte est la limite et il en est le gardien ; il détient la clef et fixe les temps.

 

Au cycle des éternels recommencements et finitions, les calendriers font l’ordre du passé et de l’avenir. Janus écrit ce passé et cet avenir. Il ne consigne pas le présent. Trop gluant. Il échappe, il s’échappe. Il est caché quelque part au centre, au point de jonction des faces, tout au fond, entre, comme un trésor à découvrir.

 

Au présent, Janus est Le Créateur. Double et contradictoire qui réalise l’unité. Il prend des risques.

Il conçoit et réalise dans un même élan :

r-é-a-c-t-i-o-n = c-r-é-a-t-i-o-n.

 

C’est bien ce que je tente de faire en créant : accéder à une part enfouie de moi-même et surmonter les énergies contradictoires qui m’envahissent jusqu’à en oublier le temps.

 

SB