Les nids

 

Origine des nids

Les nids sont à l’origine, et à l’origine il y a eu les nids. Premières formes à émerger de l’entrelacement des lianes, dans la logique inhérente à leur torsion propre, spiralée. Ventres ouverts, fragiles matrices témoins de l’éclosion de la vie comme de ses drames, ils constituent les prémices d’une expression plus générique de la féminité vue sous le prisme de la maternité.

 

 

SB 2009-2017

 

Légende des Rois d'Or

Antiquité

 

La horde vit avec les techniques simples et anciennes de tressage. Le nid est également la représentation de la perduration de l'espèce, de la nécessité qui a créé l'essaim dont elle est issue.

 

 

Nids, nouages, tressages.

 

Si la question est d’appréhender ce qui se noue, il faut tout d’abord la prendre du côté du dénuement et du dénouement. La forêt donne ces lianes, une espèce de chèvrefeuille qui se noue, s’entortille autour des arbres jeunes, aux troncs minces.

 

Sophie Bloch s’empare de ces lianes qu’elle dénoue, emporte, effeuille. Dans le processus analytique, n’est-ce pas ce que nous faisons, lorsque sur le divan il s’agit de dérouler le fil du discours, la longue chaîne de nos signifiants ?...

C’est ensuite que commence le tressage. Ces fils dénoués, il s’agit de les ré-agencer, de les faire tenir autrement. C’est là comme une nécessité.

 

Pourquoi nouage et tressage du côté du féminin ? Je veux dire, du côté du féminin comme mode, disons comme position, comme relevant de la position féminine (autrement dit dans laquelle un chacun peut se trouver, à un moment donné, qu’il soit mâle ou femelle). Le nid, la nidification, ne suffit pas à clore la question, sauf à assumer un symbole, ce qui n’aurait pour effet que d’en boucher le sens.

 

Il y a quelque chose à faire tenir, et cela passe dans, et par le Réel. Un Réel sans mots, et que l’on n’approchera que par le visible donné : le nid tressé. Or il s’agit que cela tienne ! Que cela tienne dans le Réel. Ainsi, pour qu’une tresse tienne, il y faut trois brins ; au moins trois brins, pour que le nœud ne se délie pas. Ce qui doit alors tenir, c’est ce nouage, comme si le rôle féminin consistait justement à faire tenir ensemble les trois registres psychiques, Réel, Symbolique, Imaginaire.

 

Ainsi se crée, comme une parole, dans le réel du nœud, une consistance continue qui fait nid, c’est à dire un contenant favorable à l’éclosion. C’est ce nouage des trois registres qui fait que ça tient, ça tient à partir du moment où ça se croise au moins quatre fois, c’est à dire que le brin numéro un fait retour en croisant une seconde fois le brin numéro deux après avoir croisé le trois, le recroisant au revers du premier passage.

 

Ce contenant, nid noué, est une indication de l’autre, petit autre qui fait couple, dans une adresse muette à l’Autre, le grand Autre du vaste monde et au-delà, dans lequel ça s’incrinque, dans lequel ça jaillit comme une réponse jamais donnée à une promesse jamais acquise.

 

Le nid tressé, contenant favorable à l’éclosion du sens.

 

EB